Accueil Ad Valoris s’entretient avec Frédéric Gros, patron de Bertolit SA et président de la Société Suisse des Entrepreneurs, Genève (SSE)
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Ad Valoris s’entretient avec Frédéric Gros, patron de Bertolit SA et président de la Société Suisse des Entrepreneurs, Genève (SSE)

En quelques mots

Entretien avec le directeur d'un fleuron genevois de la rénovation du bâtiment

Recueillir le témoignage de ce chef d’entreprise à la tête d’un fleuron genevois de la rénovation du bâti depuis 34 ans est un privilège. Entendre le même homme, désormais Président de la vénérable association patronale genevoise fondée en 1903, est prémonitoire. Ne dit-on pas que quand le bâtiment va, tout va ? Cinq questions posées à Frédéric Gros, à l’occasion d’une visite à la rue de Malatrex.

Ad Valoris : Quels ont été les grands changements technologiques et d’organisation qui ont marqué votre profession ?

Frédéric Gros. Ces 30 dernières années, nous avons connu d’extraordinaires évolutions, dont la transformation numérique est le point culminant. La gestion de l’information et la communication ont révolutionné nos interactions sociales, mais aussi nos processus de travail, de contrôle et de management. Ces progrès ont néanmoins un effet pervers, provoquant une forme de dépendance et d’isolement « dans son monde ».

Dans votre profession de la rénovation, la mise en conformité énergétique des bâtiments constitue-t-elle un défi ?

Je ne considère pas d’enjeux techniques majeurs, si ce n’est la complexification des démarches administratives. Les réglementations changent, rendant les autorisations toujours plus longues et compliquées à obtenir. Les entreprises de toute taille doivent naviguer dans cette complexité, ce qui peut être difficile pour les petites structures sans services juridiques internes.

Le programme de normalisation énergétique mené par le canton est particulièrement dynamique, avec en 2024 une première enveloppe de subvention de 29 millions de francs à la disposition des propriétaires privés et institutionnels, et l’éventualité prochaine d’un budget supplémentaire de 500 millions de francs, validant l’accord du 5 février 2024 entre le département du territoire et les représentants de quinze organisations partenaires.

Cette manne financière provoque l’arrivée de structures opportunistes, motivées par le gain. C’est préoccupant lorsque l’on sait les exigences spécifiques de la rénovation immobilière, qui nécessite une coordination parfaite entre différents corps de métiers, et une compréhension fine des enjeux architecturaux.

"La rénovation immobilière nécessite une coordination parfaite entre différents corps de métiers et une compréhension fine des enjeux architecturaux."

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Le BIM est-il un nouveau paradigme incontournable de la construction ?

Les entreprises du bâtiment qui n’intégreront pas le BIM, techniquement ou dans leurs processus collaboratifs, ne survivront pas. Cela étant, les petites structures peuvent encore en faire l’économie, sans toutefois oublier qu’à terme, cet outil constituera le socle de la plupart des projets. J’entrevois néanmoins un danger dans la prévisible élaboration des appels d’offres par le BIM. Il faut savoir que le maître de l’ouvrage ou son représentant adjugent la plupart du temps « au meilleur marché », avec pour conséquence des budgets insuffisamment dotés pour permettre un travail dans les règles de l’art, et avec du personnel qualifié et déclaré. Le BIM risque de favoriser ce biais.

Comment considérez-vous le futur du travail dans le secteur du bâtiment ?

Tout au long du processus « planifier – construire – gérer », l’intelligence artificielle nous aidera à analyser et interpréter un flux croissant de données, à mieux évaluer les options et à identifier les alternatives techniques.

De nouveaux logiciels jouent un rôle clé dans le pilotage des projets et des risques, la surveillance des chantiers, l’utilisation de machines autonomes et le design génératif. Il est donc crucial pour tous les secteurs et domaines d’application de développer les compétences nécessaires à l’exploitation de ces technologies.

Durant les 34 ans à la tête de votre entreprise, Bertolit SA, et aujourd’hui en qualité de président de la SSE, comment avez-vous évolué en tant que manager ?

Mon expérience militaire m’a fourni les premières « briques » de leadership et de gestion des équipes. En qualité d’officier, j’ai appris que la réussite procède du partage des connaissances, des intuitions, mais aussi et surtout d’une dynamique commune. J’ai donc construit ma carrière sur ce modèle collaboratif, tout en endossant la responsabilité des décisions.

Aujourd’hui, la dimension RSE vers laquelle se dirige le monde de l’entreprise favorise l’émergence des talents, le respect de l’individu et la contribution collective. Originaire d’un temps où ces valeurs étaient subordonnées au profit, je suis heureux de vivre ces changements. C’est d’autant plus important que nous devons rendre notre secteur plus attractif pour les jeunes, en dynamisant l’image des métiers manuels et en améliorant les conditions de travail. La relève est essentielle, surtout avec l’évolution rapide des technologies et des méthodes de construction.

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« La réussite procède du partage des connaissances, des intuitions, mais aussi et surtout d’une dynamique commune. »

 

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