Depuis des siècles, l’artisanat incarne une philosophie du travail qui va bien au-delà de la simple production : une quête d’excellence, une fierté du geste précis, une éthique de la responsabilité personnelle. Ces valeurs, loin d’être obsolètes, trouvent aujourd’hui un écho renouvelé dans les entreprises qui cherchent à redonner du sens au travail.
C’est en 2020, quand le mouvement « Corporate Craftsmanship » émerge dans plusieurs multinationales, que cette tendance prend forme. Des équipes IT aux services marketing, des départements financiers aux ressources humaines, les principes artisanaux commencent à infuser une nouvelle culture du travail bien fait.
Le parallèle est saisissant. Comme l’artisan qui signe son œuvre de son nom, les collaborateurs redécouvrent l’importance de l’appropriation personnelle de leur travail. Le « craftsmanship » d’entreprise se manifeste de multiples façons : un développeur qui soigne son code comme un ébéniste son bois, un comptable qui vérifie ses écritures avec la minutie d’un horloger, un chargé de communication qui peaufine ses contenus comme un maître graveur.
Cette approche transforme progressivement les pratiques managériales. Les entreprises pionnières créent des « guildes de compétences », où les experts partagent leur savoir-faire. Les temps de formation ne sont plus vus comme des coûts mais comme des investissements dans l’excellence. La notion de « travail signature » émerge : chaque collaborateur est encouragé à développer son style propre tout en respectant les standards de qualité.
Les exemples inspirants se multiplient : cette équipe IT qui a instauré des « revues de code » ritualisées, semblables aux évaluations des compagnons artisans. Cette société de conseil qui permet à ses consultants de passer du temps en immersion chez des artisans pour s’imprégner de leur approche de l’excellence. Ce service client qui forme ses équipes aux principes de la précision horlogère suisse.


La dimension collective joue un rôle crucial. Comme dans les ateliers traditionnels, l’excellence se cultive dans l’échange et la transmission. Les entreprises redécouvrent l’importance du mentorat, du compagnonnage moderne, de l’apprentissage par l’observation. Comment ne pas voir dans ce mouvement une réponse à la quête de sens qui traverse le monde professionnel ?
Cette nouvelle approche génère des résultats tangibles : qualité accrue, engagement renforcé, innovation organique. Les collaborateurs qui embrassent cette philosophie artisanale retrouvent une fierté professionnelle qui transcende la simple exécution des tâches.
Plus profondément, cette tendance réconcilie deux mondes souvent opposés : l’efficience moderne et l’excellence traditionnelle. Elle montre qu’il est possible d’appliquer des principes artisanaux millénaires dans des contextes ultramodernes, créant ainsi une nouvelle forme d’excellence professionnelle.
En tant qu’observateur de cette transformation, je suis convaincu que l’adoption des valeurs artisanales en entreprise représente bien plus qu’une mode managériale. C’est une réinvention du rapport au travail, où la quête d’excellence devient source d’épanouissement personnel et collectif.
Cette approche dessine les contours d’une nouvelle culture d’entreprise où chaque tâche, aussi modeste soit-elle, peut être élevée au rang d’art. Dans ce mariage entre tradition artisanale et monde moderne se dessine peut-être l’avenir du travail : un environnement où l’excellence n’est pas une contrainte mais une source de fierté, où le travail bien fait redevient un idéal partagé.
Thierry Ungaro
Directeur général



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« L’excellence n’est pas une contrainte mais une source de fierté, où le travail bien fait redevient un idéal partagé. »
Thierry Ungaro
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