L’alignement culturel, carburant de la stratégie : une danse délicate entre cohérence et singularité

Stratégie et culture d’entreprise, même combat ? Pas si vite ! On croit souvent que pour réussir, une organisation doit d’abord avoir une stratégie claire, et ensuite s’organiser pour la mettre en œuvre. ‘Définir le but, puis trouver les moyens’, la logique cartésienne semble imparable. Mais c’est oublier un point fondamental : la culture d’entreprise n’est pas juste un outil au service de la stratégie, c’est son carburant, et sans elle, la stratégie est condamnée à patiner.

Un dirigeant exalté par sa nouvelle stratégie d’entreprise (disons, le ‘tout digital’ !) s’attend à ce que l’organisation se mette au garde à vous et exécute avec enthousiasme. Rien ne se passe. Il y a des résistances, les gens ne comprennent pas la nécessité de changer (l’éternelle ‘résistance au changement’!), et le projet s’enlise. Pendant ce temps, la concurrence fait son marché. La scène est familière, et elle traduit une profonde méconnaissance de la nature de l’organisation : celle-ci n’est pas une machine à exécuter, c’est un collectif d’individus, avec ses histoires, ses croyances, ses habitudes, et ses modèles mentaux. C’est ça, la culture. La stratégie, elle, est une idée abstraite, une fiction ; la culture, elle, est le réel, et c’est le réel qui gagne, toujours.

L’enjeu de l’alignement culturel n’est pas de faire coller la culture à la stratégie, mais de les faire danser. Un mauvais alignement est en effet source de tensions, de blocages, et de frustrations. Un bon alignement, lui, libère de l’énergie, permet l’initiative des collaborateurs et facilite la transformation. ‘Ah, ça c’est du nous !’, la jubilation qui accompagne l’alignement culturel peut se sentir physiquement.

Mais comment y arriver ? Il n’y a pas de méthode miracle, seulement une démarche :

• Exposer les modèles mentaux profonds de l’organisation (ses croyances, sa ‘flamme intérieure’) ;
• Déterminer où ceux-ci sont en cohérence avec la stratégie, et où ils s’y opposent ;
• Ajuster les modèles pour réduire les points de friction.

La culture n’est pas un carcan ; c’est une source d’innovation, de singularité, et d’avantage concurrentiel. Au lieu d’essayer de l’éliminer au nom de la simplification (l’idéal naïf d’une organisation ‘sans silo’), il faut la cultiver et l’assumer. Bien-sûr, cette singularité n’est pas une fin en soi. Elle doit permettre de répondre aux défis et aux ruptures. Steve Jobs a fait de la singularité d’Apple la clé de son succès dans les années 80, puis à nouveau lors de son retour en 1996, et a su la faire évoluer pour répondre aux défis nouveaux. Sa stratégie était en permanence une expression de la culture Apple.

Alors, la prochaine fois que vous réfléchissez à la stratégie de votre organisation, interrogez d’abord sa culture. Elle ne vous dira pas quoi faire, mais elle vous dira qui vous êtes et ce dont vous êtes capable. Et peut-être que la meilleure stratégie, c’est simplement d’être pleinement soi-même.

4 points clés à retenir 

1. Importance de l’alignement culturel 
   Une stratégie d’entreprise efficace doit être en harmonie avec la culture de l’organisation. L’alignement entre les forces, les ressources, et la vision de l’entreprise avec sa culture est essentiel pour éviter les résultats décevants et maximiser la croissance.
2. Défis de l’implémentation stratégique 
   Souvent, les stratégies échouent à cause d’une méconnaissance de la culture organisationnelle, qui comprend les croyances et habitudes des employés. Sans un bon alignement culturel, même une stratégie solide peut rester une idée abstraite et inefficace
3. Synergie entre stratégie et culture 
   Pour une croissance efficace, il est crucial de faire dialoguer la culture et la stratégie, plutôt que de forcer l’une à s’adapter à l’autre. Un bon alignement se manifeste par un sentiment d’appartenance et d’enthousiasme collectifs, facilitant ainsi la transformation organisationnelle.
4. Méthode d’alignement et avantage concurrentiel 
   Pour aligner efficacement culture et stratégie, il est nécessaire d’identifier et d’ajuster les modèles mentaux de l’organisation pour réduire les frictions. Une culture d’entreprise bien gérée devient une source d’innovation et un avantage concurrentiel, comme illustré par l’exemple d’Apple sous Steve Jobs.